Contester la course accélérée vers l'avenir

La généralisation des discours catastrophistes n'est pas sans poser question à la lumière des archives que nous conservons. Une large part des groupes contestataires avertissent, avec plus ou moins de patience, depuis un bon demi-siècle, des dangers de toutes sortes liés à un progrès toujours plus identifié au seul profit économique. Le moins que l'on puisse dire est qu'ils ont peiné à se faire entendre.

C'est autour de cette tension que nous voulons centrer notre programme de valorisation pour 2020. Il s'agira de mettre en évidence les contestations des développements techniques et infrastructurels qui s'accélèrent dans la deuxième moitié du XXe siècle. Comme le proposent les historiennes Céline Pessis, Sezin Topçu et Christophe Bonneuil dans leur volume intitulé Une autre histoire des Trente glorieuses, nous voudrions contribuer à «redonner voix aux alertes sur les dégâts du progrès, aux controverses et conflits sur la modernisation», nous voudrions également «mieux comprendre le gouvernement de la critique, c'est-à-dire les discours, instruments et stratégies qui ont maintenu ces critiques dans les marges».

Même si de nombreux secteurs économiques pourraient servir d'exemple, nous aborderons cette thématique autour de deux cas spécifiques:

Ces deux secteurs ont été touchés de plein fouet par la mécanisation du travail (et, dans le cas des arts graphiques par son informatisation) entraînant la disparition de nombreux métiers dans les deux branches. Les typographes, aussi bien que les paysans, constituaient des groupes sociaux organisés et disposant d'une influence politique. En l'espace de 30 ou 40 ans et sous l'effet de l'introduction accélérée d'innovations techniques, ils sont complètement marginalisés.

Ces deux exemples devraient permettre, archives en main, de remuer quelques questions autour des rapports politiques au progrès, de la nature de ce dernier et des perspectives pour un avenir commun.

On trouvera ici une note d'intention plus détaillée.

Ce programme de valorisation bénéficie du soutien de:

Programme

Quatre ateliers de découverte des archives ont eu lieu à Carouge (ancienne usine Parker), les samedis 11 et 25 juillet ainsi que 8 et 29 août de 16 h. à 17 h30. La participation est gratuite, mais l’inscription impérative par courrier électronique : infos@archivescontestataires.ch ou postal (2 bis rue de la Tannerie, 1227 Carouge).

Eléments de bibliographie

Pour la Suisse

  • Alexandre Elsig, Marianne Enckell, Magali Pittet, Pour une histoire ouvrière de l’environnement : Cahiers d’histoire du mouvement ouvrier, n°35, Association pour l’étude de l’histoire du mouvement ouvrier, éditions d’en bas, 2019.
  • Jérôme Meizoz, Absolument modernes!, Zoé, 2019.
  • Cédric Humair, Hans-Ulrich Jost, Monique Pavillon et al., Prométhée déchaîné : technologies, culture et société helvétique à la Belle Epoque, Les Annuelles 11, Antipodes, 2008.
  • Anne-Françoise Praz, Scooters, Spoutniks et prospérité : la Suisse de 1950 à 1959, coll. Mémoire du siècle, Eiselé, 1996.
  • Peter Gilg, Peter Hablützel, « Une course accélérée vers l’avenir 1945-... » in Comité pour une nouvelle histoire de la Suisse, Nouvelle histoire de la Suisse et des Suisses, tome III, Payot, 1983, pp. 179-298.

Approches générales

  • Serge Audier, L’Âge productiviste, La Découverte, 2019.
  • Pierre Bergounioux, Le corps de la lettre, Fata Morgana, 2019.
  • François Jarrige, Technocritiques : du refus des machines à la critique des technosciences, La Découverte, 2014.
  • Céline Pessis, Sezin Topçu et Christophe Bonneuil (dir.), Une autre histoire des Trente glorieuses, La Découverte, 2013.